mercredi 15 avril 2009

Bordeaux, aux premiers frissons du printemps

Bordeaux, une courte histoire...

Mon festival bordelais allait me faire vivre une rencontre avec la danse, unique, et tombée amoureuse de l’heure H.


J’ai eu la bonne idée de prendre un aller retour Paris Bordeaux le 19 mars dernier, jour de grève nationale et deuxième de son état. Ne voulant pas gâcher ces quelques jours au pays de St Emilion et St Estèphe, j’ai pris la grande décision de me lever à 7heures du mat et de prendre un tégévé frauduleusement. Hélas, mon arrivée à la gare Montparnasse s’est soldée par un « 3 trains » pour bordeaux, je venais de rater le dernier tégévé du matin ! quelques secondes d’hésitation entre attendre 5h à Paris ou faire un trajet de 5h m’ont suffi, à moi la grande aventure des cheminots ! Paris, Versailles Chantier, Massy Palaiseau, Bordeaux, 3 trains, 5heures, et j’arrive barbouiller à la rencontre de Nath, mon amie de longue date.


Après quelques pas hésitants sur la surface terre, nous partons poser mon sac à dos et repartons pour la manifestation de Bordeaux, le peuple dans la rue se soulevant docilement contre notre actuel gouvernement. Celui ci entendra t il sa plainte ? quelques jours plus tard, j’ai eu peu d’informations à ce sujet mais entendu des commentaires qui me laissent penser le pire. Revendiquer son droit de grève dans la rue, son droit de parole puisqu’il n’y a que là où nous faire entendre, sur scène aussi…Le soleil inondait les rues bordelaises, inondait mon visage qui sortait de la grisaille parisienne, inondait mon objectif et m’obligeait à de nouveaux réglages.


Les manifestations bordelaises ont le luxe de se terminer place St Michel à déguster un thé à la menthe.. rencontres fortunées, Marine, Nath, Fred, Ralid, premiers prémices de vacances épicées.

« Qui a peur de Virginia Wood ? » au TNBA, traduisez Théatre National de Bordeaux A… sous la direction de son directeur qui lui même jouait dans son spectacle, la dernière représentation, inutile, lassante, j’ai reconnu le petit truc qui fait que ça ne le fait pas, ce sentiment que c’est acquis, que rien n’est faux, que l’impossible ne peut arriver et de fait, l’impossible n’arrive pas, l’émotion n’est pas là, je m’ennuie et je commence à souffrir de la chaleur humaine qui monte jusqu’à mon rang, le dernier, le plus éloignée, cette fille qui dit son texte de la même façon, toujours avec cette même intonation de voix m’énerve, me tape sur les nerfs, mais je reste, comme d’habitude, ma curiosité est plus forte, je ne peux pas me décoller et puis il me reste un fonds de sensibilité, je ne vais pas faire l’affront de partir dans une salle de théâtre, certains l’ont fait ! les braves, mais moi je reste jusqu’au bout, dans l’espoir d’une émotion. Le cri final est un long râle technique, trop long, toujours trop long.


Dimanche est une belle journée, nous allons déguster des huitres sur le marché, ouvertes par douze et douze ostréiculteurs, quel délice, une agréable journée qui s’achèvera sur mes manques d’amours et de toucher !


« Nina est présumée innocente » mise en scène de Faizal, chorégraphique et danseur du ventre.


Ensemble, quatre filles et une touchée par la grâce des hommes bien plus que celles des femmes, entrons chacune seule dans le glob théâtre. Moi la première, j’affronte une panique incroyable, j’entre dans un lieu, sombre, seule, et me retrouve devant deux hommes nus et portant un masque de sado-maso. J’ai baissé les yeux, à 40 piges, sous l’effet de mes horreurs intimes, je n’aime pas le sado, je n’aime pas la violence et là elle me sautait au visage, au corps, voir un homme suspendu, attaché, cagoulé, voilé, telle une femme suspendue, attachée, soumise, me renvois à mon cri de liberté, jamais soumise, jamais. Mais je dois passer au travers de ses deux corps et je n’ose les blesser avec mon sac rigide, dur, anguleux, sur ces corps chauds, doux, ondulants, dont je n’ai fait que sentir l’odeur attirante, enivrante.


Un homme me fait signe d’avancer, je ne veux pas, il insiste ! alors un sursaut dans le lobe gauche, une grande respire et je passe, déboussolée, je ne sais plus que faire, je divague intérieurement.

Je suis assise, j’attends mes copines, qui vivent la même aventure mais leur aventure, rires et sourires, questionnement, chacune son aventure.


Puis le silence, la nuit, les deux hommes nous rejoignent, avancent cagoulés et se joignent à deux danseurs nus, exposés à nos yeux depuis nos entrées, deviennent danseurs et nous offrent un spectacle à quatre, où les corps se lassent, s’enlacent, se touchent, se fortifient, ensemble, se séparent, reviennent. Il émane de cette jointure, de cette transe, une attirance, un besoin. L’un d’entre eux se sépare de par sa beauté intérieure, sa richesse, son don d’amour, il est le porteur, il dégage une douceur dans un corps fort, encré sur la terre, je m’enivre de ce spectacle qui enfle tel une vague, les corps sont magnifiés, les corps sont nus, les visages découverts et une chose étrange se produit : la fin : un sentiment que j’ai déjà reçu, vécu, un sentiment que je ne peux arrêter, ils ne peuvent arrêter, un cri sourd me monte à la gorge, aux yeux, descends dans mes membres, je ne peux pas les laisser partir, j’ai besoin de les voir ; les toucher, les garder avec moi. Ce sentiment m’est venu lors d’une performance a laquelle j’ai participé, l’auteur peintre venait a moi, et il m’appartenait et repartait et j’étais seule sans défense, dans l’attente de son retour, et là, je revivais la même émotion face à ce danseur, j’emprunterais une chanson de H, le danseur danse, il danse pour l’univers, pour lui, pour moi, pour nous, il danse…


Puis le reste du spectacle, qui raconte un fait divers bordelais et qui pourrait se transposer à l’infini sur d’autres histoires, pour ne rien dire de plus.


De retour à Paris, j’ai assisté au concert de H, Arthur H, seule et heureuse de cet instant, H est un homme, H a une présence et il donne, « I want to dance with madonna youyou », je veux vibrer au son de la musique, je veux être chant et chanteuse, musicienne et danseuse, ma voie et ma voix sont de cet ordre, et il me semble que les arts premiers sont les liens qui nous unissent, qui nous permettent de vraies rencontres, des vibrations d’énergie.



Bs As, Fin de l'histoire

Je me dois de terminer cette histoire Argentine par des mots de fin. La vie a continué, je suis rentrée sur Paris et j'ai essayé de danser, mais le tango argentin était entré en moi et depuis il ne me quitte plus.
Je suis restée trois semaines sur Buenos Aires, et j'ai reproduit 3 fois les mêmes milongas, jusqu'à avoir les pieds en sang.
J'ai eu de vraies rencontres sans paroles mais les diables au corps nous prenaient dans la danse, je suis rentrée avec une absence de tango.
Je retournerais à Buenos Aires un jour car je dois encore voir le monde ailleurs pour rêver aux sons des violons et des bandoneons et pour que ce pays, me manque, me manque afin d'y retourner encore, encore....